Ma quête du soi et du non Moi...

Tu es le ciel et Tu es le nid aussi.

Ô Toi Beauté unique, c'est dans le nid des couleurs et des sons et des odeurs que Ton amour enclôt l'âme.

Voici venir le matin à l'orient. Dans sa main droite, une corbeille d'or où il tient serré la guirlande de beauté dont il va couronner la terre.

Puis voici que vient le soir par des chemins vierges de toute empreinte et qui s'étend sur les prairies désertées par les troupeaux. Dans sa main, une cruche d'or pleine du jus frais de la paix puisé à l'océan du repos, à la source occidentale.

Là-bas, là où s'étend le ciel infiniment, où l'âme est invitée à prendre son envol, règne une lumière immense, sans tache, toute blanche. Là-bas, il n'y a plus ni jour, ni nuit, ni forme, ni nuance. Il n'y a là-bas qu'un grand, très grand silence.

~ Rabindranath Tagore

(De l'aube au crépuscule - Le Ciel et le Nid)

L'enfant que vêt une robe princière et qui porte à son cou des chaînes orfèvreries perd tout plaisir au jeu ; à chaque pas sa parure l'empêche.
De crainte de l'érailler ou que ne la ternisse la poussière, il se tient à l'écart du monde et n'ose même pas remuer.
Mère! est-il bon pour lui d'être emprisonné dans ce luxe, à l'abri du salubre pollen de la terre, et ne lui dérobes-tu pas ainsi son droit d'entrée dans la grande fête de la commune vie humaine ?

~ Rabindranath Tagore

(L'offrande Lyrique)

Plein d'espoir et de désespérance je vais et viens, la cherchant aux quatre coins de ma chambre : mais je ne la trouve point.

Ma maison est petite et celle qui est partie ne peut être reconquise.

Mais Ta demeure est infinie, ô mon Dieu : parti à la recherche de celle que j'ai perdue, je viens frapper à Ta porte.

Debout sous la voûte constellée de Ton crépuscule, je lève mes yeux pleins d'ardeur vers Ton visage.

Je suis parvenu aux confins de l'éternité où rien ne peut se dissiper - ni l'espoir, ni l'extase, ni la vision d'un visage entrevu derrière les larmes.

Oh, puisses-Tu engloutir ma vie vaine dans cet océan et la plonger au plus profond des eaux.

Permets que je puisse pour une fois ressentir la douceur de cette caresse perdu dans la plénitude de l'univers.

~ Rabindranath Tagore

(De l'aube au crépuscule)

Nous nous réjouissons, ô mon Dieu, que les larmes de la terre gardent son sourire florissant.

~ Rabindranath Tagore

Laisse-moi Te prier, non pour que le danger me soit épargné, mais pour que je ne le craigne pas.

Laisse-moi Te demander, non de calmer ma peine, mais d'avoir le cœur de la dépasser.

Laisse-moi T'implorer, non pas d'être sauvé de l'angoisse, mais d'apprendre à espérer et à savoir patienter pour gagner ma liberté.

Accorde-moi de ne pas être lâche pour que je n'aie pas à sentir Ta pitié en évitant de justesse l'échec. Mais donne-moi de saisir Ta main tendu et de sentir Ton étreinte au moment où je faiblirai.

~ Rabindranath Tagore